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Cataloguer, classer et trier ...
le Web

Comment monter un annuaire de sites,
avec ou sans base de données
(pour documentalistes)

Plan de cours

22/05/2007

 

Introduction
1. Les prérequis nécessaires
2. Méthode d'écriture de l'annuaire
3. Méthode de mise à jour de l'annuaire
Conclusion

 

Introduction

Ah ! la fameuse grille d'évaluation de site web... Soyons franc, je n'y suis guère favorable et je défend ici l'idée qu'il vaut mieux éviter cet exercice qui consiste à la fois à cataloguer les sites web comme des monographies ou des CD audio et de surcroît à les évaluer avec un outil compliqué et chronophage, alors que 95 % des sites web catalogués ne valent pas l'achat et la lecture d'un bon livre professionnel.

Pourquoi suis-je favorable à une méthode d'évaluation et de catalogage plus expéditive que la grille d'évaluation si répandue ? Parce que les sites à référencer/cataloguer dans une matière donnée sont très, voire trop nombreux (dans mon domaine, le droit, j'ai répertorié depuis 1996 environ 1500 sites à peu près valables, valables ou très valables, soit autant que j'ai d'ouvrages au catalogue chez mon employeur, cabinet d'avocats). Parce que leur contenu et leurs fonctionnalités évoluent tous les ans, entraînant un gros travail de mise à jour pour des sites pourtant déjà catalogués. Et surtout parce que les utilisateurs sont habitués à ce que l'Internet soit le règne de la rapidité et donc de la brièveté dans les fiches descriptives (franchement, avez-vous déjà fait l'effort de lire en entier une vingtaine de fiches descriptives d'un annuaire de liens comme par exemple celle-ci sur Intute > Social sciences (ex-SOSIG) > Law > France : Les Gardes à Vue Dérogatoires ?). Dès lors, autant proportionner ses efforts et son temps de travail à la valeur moyenne du contenu des sites web et à l'intérêt très volatile des inter- et intranautes pour les annuaires.

Il faut apprendre à faire vite (pas plus de 10 mn, comme pour un ouvrage, et même un peu plus vite car pas d'équipement et pas d'indexation matière, si vous suivez ma méthode) et d'une manière plus axée sur le résumé signalétique ou la description rapide du contenu d'un site.

Autre raison majeure pour simplifier et accélérer la réalisation des annuaires de liens (ou réperoires thématiques de sites web) : les annuaires sont délaissés, alors que les moteurs risquent de devenir payants ou "bourrés" de publicité.
Les moteurs de recherche sont tellement les "chouchous" des internautes, que les outils de recherche comme Google USA et Yahoo les retirent de leur page d'accueil. Or, les années du financement par le capital-risque (1995-2000) étant terminées, ceux-ci sont maintenant soumis à des pressions de rentabilité très importantes. Google passe en bourse en 2004, et se heurte en même temps à la concurrence agressive de Yahoo, qui a racheté Overture, Inktomi, AltaVista et All The Web, et surtout du moteur de Microsoft dès l'été 2004. Conséquence : les moteurs, bien que devenus très pertinents, risquent fort de devenir plus ou moins payant (ce fut il y a quelques années le cas de Northern Light et il ne s'en sortait pas trop mal, dans un contexte de gratuité, pourtant) ou de voir leur pertinence baisser du fait de leur "compromission publicitaire". On risque donc fort d'avoir besoin à nouveau d'annuaires.

Par ailleurs, même si le scénario catastrophe décrit précédemment ne se réalise pas, les annuaires restent une pièce maîtresse du Web et des outils de recherche. En effet, ils sont à la base de la pertinence des nouveaux moteurs (Google, Teoma, Yahooo Search), qui analysent les liens entre les sites pour déterminer les sites les plus importants et les plus pertinents, puisque les annuaires sont considérés par Google comme des sites de référence (leur PageRank est supérieur à la moyenne) et les moteurs les indexent très régulièrement (quasiment tous les jours).

 

1. Les prérequis nécessaires :

  • maîtriser ou au minimum connaître une matière ou avoir une équipe de spécialistes :

    • améliorer son niveau de connaissance, notamment par le Web :
      • commencer par lire des ouvrages ou des sites web d'initiation ultra-simples que les spécialistes auraient honte de lire :-)
      • puis s'intéresser à un sujet très étroit (exemple en droit : le droit du bulletin bibliographique à partir de liens hypertextes)...
      • ... pour finir au bout de un ou deux ans par le maîtriser et s'y tenir à jour, le tout grâce à des sites web et des newsletters (exemple : le texte intégral de mon intervention pour Comundi)

    • se constituer une équipe de "conseillers" et leur "soutirer" les sites et évaluations. Difficile, ça, car il ne faut pas donner l'impression de leur "piquer" leur savoir, mais au contraire qu'on va apprendre quelque chose et améliorer l'intranet de l'entreprise grâce à eux. Solutions :
      • empruntez aux annuaires existant, sans les piller servilement
      • demandez un coup de main aux collègues documentalistes
      • discutez avec les utilisateurs, traînez dans leurs bureaux, parlez leur de vos/leurs recherches, des sites que vous/ils utilisent, ...
      • leur demander de vous copier leurs Favoris. Expliquez leur comment faire :
        -
        lancer le Poste de travail, Aller dans C:\Windows\Favoris s'ils sont sous Windows 98 ou XP, C:\Documents and Settings\Nom_utilisateur\FAVORIS s'ils sont sous Windows 2000
        -
        copier l'ensemble des Favoris avec Edition > Sélectionner tout, puis Edition > Copier
        -
        enfin aller dans un dossier où vous pouvez tous deux accéder librement et coller tout avec Edition > Coller.
        Vous pouvez alors les consulter ou les copier-coller dans votre propre dossier Favoris.
      • laisser partout, sur toutes les pages de l'intranet ou du site web, son adresse e-mail, et si intranet, son n° de téléphone (ligne directe ou n° de poste)

  • avoir "surfé" longtemps sur le sujet, bien connaître les sites du sujet et les annuaires de sites déjà réalisés sur le sujet :
    • rappels sur les techniques de recherche documentaire sur le Web (outils de recherche
    • méthode de recherche par moteurs et annuaires
    • exploiter les liens sur les sites
    • utiliser les moyens de communication avec les collègues et les spécialistes extérieurs (tél., e-mail, et surtout listes de discussion)
    • chercher l'autorité/la source sur la matière

  • savoir analyser un site :
    • comment trouver la véritable page d'accueil ou bien choisir la page d'"aterrissage"
    • où trouver les auteurs et comment identifier les anonymes
    • éditeurs et producteurs des données
    • où trouver des commentaires critiques sur le site, comment évaluer la valeur du contenu
    • etc.

  • connaître des rudiments techniques en matière de langage/code HTML et de fonctionnement du Web :

    • comment raccourcir les adresses web tout en pointant vers la même page : supprimer notamment par exemple les mentions "uid" (user ID), "sessionid" (identifiant de session, comme sur Legifrance http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/RechercheSimpleJorf;jsessionid=
      AVUCJ24KsQXambNZ9hj1o1gpQ5564GM47tcV2ErycSgRIQ71DuuN!
      -1974342191! iwsspad4.legifrance.tours.ort.fr!10038!-1!-373262239!
      iwsspad6.legifrance.tours.ort.fr!10038!-1), méfiez-vous des adresses web profondes des sites à base de "frames" et de certaines bases de données comme Legifrance (exemple : http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/Visu?cid=615737&indice=1
      &table=JORF&ligneDeb=1 n'est pas une adresse qui permet de créer un lien hypertexte vers la page Avis relatif à la mise en vente de publications officielles (direction de la Documentation française) (JO n° 23 du 28 janvier 2004 p. 2051), il faut en effet utiliser l'adresse http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=PRMX0400202V qu'on trouve au bas de la page)

    • de manière générale, les résultats de requête sur une base de données, surtout si elle utilise la technique une peu ancienne des scripts CGI (on le détecte par la mention "cgi-bin" dans la barre d'adresse), ne peuvent pas faire l'objet de liens

    • ouvrir ou pas le lien dans une nouvelle fenêtre :
      • le débat
        -
        dixit les "puristes" (inspirés, disent-ils, par les standards du Net) : on laisse l'internaute choisir (il peut le faire lui-même avec sa souris : clic droit > Ouvrir dans une nouvelle fenêtre), on risque de le perturber sinon. Certains PCs anciens, de plus, plantent dès qu'on ouvre plus de 8 (environ) fenêtres d'Internet Explore
        -
        dixit les "sites commerciaux" et les "à la mode" : on ouvre systématiquement dans une nouvelle fenêtre, pour dégager sa responsabilité vis-à-vis des propos du site lié et pour éviter de perdre de vue le site qu'on est en train de consulte
        -
        conclusion : impossible de choisir une bonne fois pour toutes, faites vous vous-même votre propre religion :-)
      • le code pour ouvrir le lien dans une nouvelle fenêtre : montrez bien qu'on change de site, qu'on arrive sur un nouveau site, en ouvrant la page liée dans une nouvelle fenêtre. Insérez le code HTML target="_blank" derrière l'adresse web. Cette technique est absolument nécessaire si votre intranet ou site est bâti avec des "frames", car sans cela votre intranet ou site va encadrer la page liée, et risque de faire donner l'impression à l'internaute qu'il est dans le même site.
        Exemple : voici un lien vers la page d'accueil du jour du journal Libération : Libération
        Et voici le code HTML derrière ce lien : <a href="http://www.liberation.fr" target="_blank">Libération</a>

    • savoir installer et utiliser une gestion de site dynamique, un CMS (Content Management System) : lisez mon article du 01/05/2004 sur le sujet, l'essentiel y est : Mettre à jour facilement un intranet documentaire : les logiciels de gestion de contenu
      Notez que le plus souvent, un CMS ne possèdera pas de fonctionnalité de type "annuaire de sites" , mais que sur beaucoup, on peut leur adjoindre un module développé pour cela. Toutefois, ça demande souvent de bonnes connaissances techniques. Exemples avec SPIP : consultez ces deux articles Annuaire de sites par mot.html sur SpipAge et Gérer un annuaire de sites sous Spip par davduf

    • le bagage HTML dont vous avez besoin : connaître, à la fois en mode visuel (WYSIWYG = What You See Is What You Get) *et* dans le code (pour pouvoir "débugguer" les pages qui s'affichent mal) :
      • lien hypertexte :
        - vers une ancre dans la même page web : <a href="#ancre">
        - vers une ancre dans une autre page web : <a href="page.htm/#ancre">
        - vers une page web située sur un site Internet : <a href="http://www.siteweb.fr/page.htm">
      • ouverture du lien dans une autre fenêtre : <a href="" target="_blank">
      • titres : <h1>, <h2>, <h3> etc.
      • paragraphe : balise HTML <p>
      • retour à la ligne : balise <br>
      • listes de puces : balises HTML <ul> et <li>.
    • A connaître si possible, mais non essentiel :
      • titre de la page : <title>
      • police de caractères (dans l'exemple ci-contre, j'ai pris la plus lisible en général : Arial 12) : <font face="Arial" size="2">
      • faire une/des marge/s : <blockquote> ou mieux par les marges de la page elle-même : avec Dreamweaver, clic droit sur la page > Propriétés de la page > remplir les zones de saisie (en pixels) "Marge" (= marge de gauche) et "Largeur de marge" (= marge de droite).
      Pour apprendre ou réviser le HTML, quelques tutoriels en ligne :
      • Publication HTML / Luc Van Lancker : site de formation au HTML, Javascript, VBScript, XML et XSL pour débutants (création d'un petit site Web en HTML ou en XML). Extrêmement simple, clair et pédagogique
        http://www.ccim.be/ccim328
      • HTML Help / Web Design Group (WDG) : excellent manuel d'apprentissage du HTML ; couvre le HTML jusqu'au 4.0, les feuilles de style (CSS) et le CGI ; clair, simple et adapté aux webmestres de niveau intermédiaire
        http://www.htmlhelp.com
      • Comment ça marche (CCM) / Jean-François Pillou, ingénieur : site de formation avancée (gratuit) à l'informatique et Internet. Les exemples sont essentiellement tirés de l'informatique libre (Linux, PHP, SQL)
        http://www.commentcamarche.net

 

2. Méthode d'écriture de l'annuaire :

  • vérifiez que l'annuaire à créer :
    • sera utile aux documentalistes et/ou aux utilisateurs du centre de doc/bibliothèque, y compris les internautes visitant le site de l'entreprise ou du centre de documentation/bibliothèque. Une enquête de besoins peut s'avérer utile à cet égard
    • n'existe pas déjà sur le Web dans une version suffisante, vu le travail que cela demande : éviter de réinventer la roue, un simple lien vers cette "version suffisante" suffira alors (vérifier régulièrement que cette version ne disparaît pas ni ne "mute" dans un sens qui la rend inintéressante).
    Evitez de monter un annuaire professionnel pour vous faire plaisir. En effet, beaucoup d'annuaires sont sans valeur autre que de se "faire mousser", de faire comme les autres

  • commencez rapide et efficace et pour vous seul : regroupez des liens en vrac, sans rien d'autre qu'un titre et une URL, en utilisant :
    • soit les Favoris d'Internet Explorer. Sans plus, car ils ne permettent pas les descriptions et commentaires (limite : 256 caractères) et sont totalement antipratiques à partir d'une centaine de liens
    • soit le bookmark de Netscape/Mozilla. Il est nettement plus adapté aux classifications dotées de sous-catégories très profondément emboîtées et aux annuaires personnels jusqu'au millier de liens. Toutefois, il n'offre que 4 champs (Nom, URL, Description, Mots-clés) et il n'est pas facile à passer en base de données, car on doit en général abandonner les dossiers, c'est-à-dire les catégories et sous-catégories. Il est donc recommandé de remplir si possible le champ Mots-clés. Pensez à le sauvegarder, car le bookmark peut être abîmé s'il était ouvert lors d'un plantage de Netscape/Mozilla (Windows ne les aime pas trop...)
    • à condition de n'avoir pas créé de dossiers dans son bookmark, il est possible de le récupérer sous le gestionnaire de signets ("bookmark manager") Webnotes, un excellent logiciel français gratuit, très débrouillard, écrit par Pascal Coudert
    • soit, mieux encore, Word, WordPerfect, Open Office ou autre traitement de texte. Les informations seront plus faciles à récupérer, mais on peut aussi utiliser des bookmark managers qui savent importer les Favoris ou les bookmarks et les exporter ensuite. Penser à insérer pour chaque notice : un séparateur de notice (caractère exotique), un identifiant de champ et les intitulés des champ, et aussi un ou des champs Catégorie. Cela facilitera le passage en base de données

  • à partir d'une certaine quantité de liens (on ne s'y retrouve plus rapidement, on commence à ne plus trouver *tout de suite* dans la liste *le* site qu'on cherche), structurez l'annuaire (= classer, mettre en base de données, sélectionner et critiquer) et dotez le d'un moteur de recherche interne :

    • définissez les catégories d'information réellement utiles et ne retenez que celles-là. En général :
      • les incontournables et souvent suffisants :
        - titre et, éventuellement, sous-titre (débat sur le côté "publicité mensongère" du sous-titre c/ sa valeur informative, qui précise le sujet du site)
        - auteurs + éditeurs + producteurs
        - description du contenu + éventuellement, commentaire critique
        - URL(s) (il peut y en avoir plusieurs)
        - date de dernière modification de la page/rubrique
      • les autres, utiles mais le plus souvent non lus par les utilisateurs :
        - date de dernière modification (= date de rédaction/mise à jour)
        - classement : indice de classement matière ou noms en clair des catégories
        - mots-clés (débat indexation libre c/ contrôlée, l'indexation contrôlée étant préférable car sans elle pas de présentation dynamique par catégorie, on ne peut travailler qu'en pages HTML statiques, c'est plus lourd)
        - type de ressource (universitaire, site personnel, etc.)
        - note sur 5.
      Exemple d'annuaire riche en champs, et à la limite du trop complet : Intute

    • passez les signets en base de données (au moins ceux dans la version publiée de l'annuaire), un format facile à exporter pour publication sous une forme ou une autre. Pour définir les champs de la base, il faut au minimum reprendre toutes les catégories d'information définies supra, sauf peut-être la note.
      Exemple très récent : les Signets de la BNF sont en train de passer sous base de données, leur mise à jour est donc interrompue jusqu'à la sortie de la nouvelle version à l'été 2004
      .
      Notez que rien n'empêche de gérer ses signets sous base de données tout en les publiant sous une forme qui rappelle plus les sites statiques à la Yahoo que l'interrogation d'une base de données. C'est notamment utile pour ne pas dérouter les utilisateurs et ça favorise l'ergonomie. A cet égard, il faut reconnaître que les modèles disponibles d'annuaires de type PHPNuke sont peu agréables à consulter, car le nombre de sites par page est limité à une dizaine et il faut descendre à coup de clics dans l'arborescence pour enfin apercevoir les catégories les plus éloignées

    • classez et indexez les liens en une dizaine de rubriques – de préférence thématiques – et par valeur du contenu pour les utilisateurs :
      • lisez des classifications bien établies et créez la vôtre (si on ne reprend pas une de celles des catalogues existant au sein du centre de documentation)
      • dans un même sous-catégorie, triez vos liens, de préférence par ordre décroissant d'importance
      • s'il y a trop de liens dans une catégorie (limite indicative : 30 liens), créez des sous-catégories.
        Attention : essayez néanmoins de garder la structure hiérarchique la plus "plate" possible. Ca facilite la consultation de l'annuaire, en améliorant sa lisibilité et en accélérant le temps (nombre de clics) nécessaire pour arriver aux liens. Si votre annuaire n'est pas tourné vers des scientifiques et des universitaires, évitez de créer plus de 4 niveaux hiérarchiques
      • notez le titre officiel, les auteurs, éditeur et producteurs
      • écrivez des descriptions très courtes (2-3 lignes maximum)
      • si possible, critiquez/évaluez le contenu et l'ergonomie et mettre une note (5 échelons maxi.)
      • si l'annuaire est ambitieux, trouvez un financement (exemple : SOSIG, devenu la partie Social sciences d'Intute, est financé par ESRC et JISC et hébergé par l'Université de Bristol : lire le paragraphe sur SOSIG dans l'article de Jean-Philippe Accart Les réseaux de l'information en sciences sociales) et un moteur de recherche interne pertinent

    • devenez critique quant à l'utilité, la valeur du contenu et l'ergonomie (facilité d'utilisation) des sites. En un mot : sé-lec-tio-nnez ! Résistez à la tentation de tout lister (manque de sélection et défauts de la classification : j'ai écrit un article à ce sujet, à propos des annuaires juridiques : Intérêt et limites des annuaires et portails juridiques) :
      • rédigez de très brefs commentaires critiques. Attention à rester objectif et à éviter les avis trop personnels ou trop critiques, surtout si l'annuaire est publié. Si un site est presque nul, demandez-vous s'il ne vaut pas mieux le retirer de l'annuaire public ou partagé plutôt que d'accabler son auteur (on ne tire pas sur une ambulance...) et de gâcher un espace précieux
      • donnez éventuellement une note (sur 3 ou 5) ? Débat sur la pertinence des notes et la tentation de donner une bonne note à tout le monde :
        - donner une bonne note générale n'est pas très documentaire, puisqu'opposé tant à une logique de sélection par la valeur de contenu qu'à celle plus classique de l'exhaustivité et de la neutralité du catalogage-indexation traditionnel
        - une note demeure subjective : certains visiteurs trouveront toujours un intérêt à un site moyennement voire mal noté
      • éliminez de l'annuaire partagé (avec les autres documentalistes) ou publié (auprès des utilisateurs) les sites sans réelle valeur. Mais ne détruisez les notices, archivez les dans un annuaire non public, pour pouvoir rapidement les retrouver en cas de "rédemption" :-) du site ou si, exceptionnellement, le site pouvait être utile sur une question très précise.
        Débat sur les sites contrefaisants (copies totales ou partielles d'autres sites) et ceux qui violent la loi (pédophilie, racisme, antisémitisme, négationnisme) : faut-il les référencer et est-ce légal/peut-on être poursuivi pour cela ?
      • demandes d'échange de liens : si elles ne viennent pas d'un site particulièrement pertinent, ignorez les, voire refusez les poliment en expliquant le caractère documentaire, et non pas commercial, de votre annuaire.
        Débat sur les avantages et limites de l'échange de liens/partenariat

    • prévoyez un moteur de recherche interne à votre annuaire. Vous savez, la petite zone de saisie en haut, dans l'annuaire Google, par exemple.
      Installer un moteur sur son site n'est pas forcément si difficile ni si coûteux que ça.
      Si vous avez choisi de réaliser votre annuaire avec un CMS, tous incluent un moteur de recherche interne.
      Si votre annuaire est en ligne sur le Web et gratuit, vous povez tout simplement utiliser les services gratuits d'un grand moteur comme Google (Google Free web search with site search), d'un petit acteur des outils de recherche comme SiteLevel (lui aussi gratuit mais avec des pubs sur la liste de résultats) ou encore ceux payants d'Atomz.
      Si votre annuaire est sur un intranet, vous pouvez essayer le moteur interne open source (donc gratuit) HtDig, mais il a trois défauts à mon avis : sa liste de résultats ne donne pas d'extraits contenant les mots-clés, il nécessite un solide niveau technique (toutefois, il est très bien documenté) et il n'est pas fait pour fonctionner sous Windows, même s'il en est théoriquement capable. Sinon, mnoGoSearch est un bon moteur interne fonctionnant sous Windows, payant mais pas cher (99 USD en version Lite)

  • à partir du moment où on se rapproche de la publication de l'annuaire :
    • définissez très précisément le public/les futurs utilisateurs de l'annuaire
    • réécrivez le titre de votre annuaire et ceux des catégories de manière ce qu'ils soient à la fois très précis et accrocheurs
    • soignez son apparence graphique et sa lisibilité :
      • définissez une charte graphique très simple mais unique. Notamment :
        - attention aux associations de couleurs
        - peu de couleurs, fond blanc, beige très pâle ou gris clair
      • quelques conseils de sobriété graphique :
        - pas ou peu d'images
        - des images très légères en ko
        - pas plus de 3 tableaux (balise <table>) imbriqués. Mais le tableau invisible est utile pour créer des marges/centrer le texte (attention dans ce cas à en limiter la largeur de manière fixe pour éviter les problèmes d'impression)
      • usage fûté des balises <p> et <br> pour séparer les notices et aérer le texte
      • ... ainsi que des feuilles de style (CSS) pour ne pas passer son temps à faire de la mise en page et respecter la charte graphique.
        Ca nécessite un très bon niveau en HTML, mais les CSS peuvent même gérer les tableaux (cf. ces deux articles du 24/10/2003 sur Openweb : Les problèmes de la mise en page par tableaux / Mathieu Pillard, et Habillage de tableaux avec des CSS / Pascale Lambert)
    • éliminez encore des liens !
    • soumettez l'annuaire, faites le tester sur quelques minutes maximum, notamment la pertinence de sa classification

  • l'annuaire est publié :
    • faites sa publicité auprès des utilisateurs
    • référencez le, échangez des liens avec des annuaires portant sur des sujets proches du vôtre et de qualité.

 

3. Méthode de mise à jour de l'annuaire :

  • utiliser, comme pour la création, les listes de discussion ciblées et faire partie de, voire entretenir un réseau de contacts et d'experts (notamment parmi les utilisateurs, mais c'est très difficile)

  • rester modeste, sobre et en relation avec le temps et les moyens disponibles, ne pas transformer progressivement l'annuaire en "labyrinthe de 10 000 liens" ou en super-portail avec 45 fonctionnalités superflues, comprendre que "Content is King" (le contenu est roi) et que les sites de contenu comptent plus que ceux qui les indexent

  • s'astreindre à mettre à jour l'annuaire :

    • recruter des gens pour vous aider parmi vos collègues, les gens travaillant sur le même thème que vous ou les internautes. Affecter une rubrique ou sous-rubrique à chacun d'entre eux
    • deux choses sont prioritaires au niveau de la mise à jour :
      • l'URL : comment faire la chasse aux Error 404 : soyons réaliste, ne vérifions pas tous les liens de l'annuaire chaque semaine ! Si on en a les moyens en temps et surtout en personnel, faire vérifier tous les liens une fois par an. Sinon, une fois par mois, vérifiez une rubrique ou bien embauchez un stagiaire
      • disparition d'un site : vérifier qu'il n'a pas pris une autre adresse web, qu'il est bien "mort" en faisant une recherche par son nom (et non son URL) sur les moteurs de recherches, en cherchant notamment des commentaires sur une éventuelle migration ou modification du site

    • la mise à jour de la description du contenu et celle de la note peuvent attendre un peu, mais pas trop longtemps : un site devenu sans valeur ne doit pas rester trop longtemps dans l'annuaire, il le dévalorise

    • réévaluer selon une périodicité longue mais régulière les sites retenus, catégorie par catégorie, afin d'éliminer les sites dont la valeur a baissé relativement ou dans l'absolu

    • si les catégories enflent :
      • vérifier qu'il n'y a pas de liens à éliminer
      • puis créer des sous-catégories si nécessaire et/ou indexer plus finement (rajouter des mots-clés)

    • indexer les sites en réseau. Exemples : le Resource Discovery Network (RDN), le projet européen Renardus, les Signets de la BNF (chaque rubrique des Signets est tenue par le Département de la BNF compétent sur le sujet et la BNF participe au projet Renardus)

    • les outils qui facilitent la mise à jour :
      • vérificateurs de liens : des logiciels/sites gadgets qui font assez mal leur travail. Résultat : on ne peut pas vraiment se dispenser de le faire soi-même et il faut aussi compter sur les internautes et donc être réactif aux messages qui signalent des liens cassés
      • les technologies de gestion dynamique des sites web (pas un gadget, ça... : les CMS, leurs modules annuaires : cf supra)
      • mettre un lien vers l'e-mail du documentaliste responsable de la rubrique
      • les e-mails des internautes visiteurs
      • le coup d'oeil et le réflexe de noter des documentalistes lors de leur surf quotidien
      • enfin, un excellent "boost" pour votre travail sur l'annuaire : créez une rubrique "Nouveaux sites".
        Elle ne doit contenir que deux ou trois liens tout récemment ajoutés (s'ils datent de 3 mois, supprimez les) et tenir entièrement sur 5 lignes, bien en évidence, en haut de la page d'accueil de votre annuaire.
        Diffusez les nouveaux liens par le biais d'une liste de diffusion (diffusion sélective de l'information) en interne (annuaire sur un intranet) ou en externe, ou par des messages sur une liste de discussion proche du sujet de votre annuaire. Si vous êtes technophile, allez même plus loin et créez un fil RSS pour cette rubrique (sous SPIP, le fil RSS est produit automatiquement).

 

Conclusion

Faites des vrais choix, de manière tranchée. Vous garderez ainsi une identité forte à votre annuaire, donc vous préserverz ainsi sa pertinence et son intérêt pour vos utilisateurs ou la facilité pour les internautes d'en identifier le contenu et l'angle d'attaque (comme pour un article de journaliste) en un coup d'oeil.

Si créer et tenir à jour un annuaire vous plaît, postulez donc pour devenir éditeur d'une catégorie du meilleur et du plus grand annuaire généraliste du Web, l'Open Directory. Mettre à jour un catégorie assez consultée par le grand public (comme celles consacrées aux sites sur Britney Spears, parmi lesquelles on trouve une catégorie Anti-Britney Spears :-), ou celle consacrée à Mylène Farmer).

Si vous avez l'esprit technophile, allez même un cran plus loin : sélectionnez plusieurs centaines de sites web de qualité dans un domaine (= annuaire), puis trouvez un gros serveur et indexez les (= moteur), avec Google ou un moteur interne. Vous fabriquerez ainsi un moteur de recherche spécialisé (de nombreux exemples américains ici : Specialty Search Engines / Danny Sullivan, 20/02/2002). Exemples dans le domaine juridique : le français Légicité, un moteur de recherche sur plus de 300 sites de droit français, et l'américain LawCrawler, qui n'est autre que le moteur réalisé avec Google par l'annuaire FindLaw...

Vous pouvez aussi choisir d'intégrer les sites web répertoriés dans le catalogue en ligne de votre centre de documentation/bibliothèque. Pour savoir comment faire, concrêtement, notamment côté norme de catalogage, lisez l'article de Jean-Philippe Accart, reproduit sur son site personnel : Catalogage du Web : c’est possible (Archimag mai 2005 n° 184 p. 48).

 

NB : Le devoir de TD est défini ici.


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