Soldes de Noël dans l’édition juridique
Et c’est le bon moment pour négocier ... ou refuser !
Publicité Lamy reçue aujourd’hui 1er décembre dans ma boîte e-mail (également affichée sur la page d’accueil du site web de Lamy) :
« Cette année, le père Noël pense aussi à vos affaires :
-30% sur tous les ouvrages et toutes les revues commandées sur lamy.fr jusqu’au 22 décembre !
Joyeux Noël ! »
Dans l’édition juridique (tous éditeurs concernés) comme ailleurs, c’est en général en fin d’année que les commerciaux mettent les bouchées doubles pour tenir leurs objectifs de vente et concèdent les meilleures offres. C’est donc le meilleur moment pour négocier des remises sur vos renouvellements et vos nouveaux abonnements, surtout si votre budget est basé sur l’année civile ...
Vous n’auriez pas envie d’une petite base de données juridique à prix cassé à Noël ? :-)
Refuser ?
Euh ... « Merci, non ! », diraient pas mal de mes collègues, devant les prix, les conditions commerciales et aussi le comportement limite des commerciaux de certain éditeur de plateforme en ligne. Ce comportement, l’éditorial de la Lettre du Cadre territorial du 8 décembre 2006 en donne une idée [1]. Citons les meilleurs passages :
« Si l’on voit très facilement tout l’intérêt d’un outil BDD [...], on est tout de suite refroidi par les coûts, directs et indirects, que représentent un passage au numérique. En effet, ce que l’on paye n’est qu’un droit d’accès qui prend fin avec l’abonnement. Autrement dit, lâcher un abonnement numérique après quelques années revient à mettre à la poubelle son "équivalent" [...] en revues et autres encyclopédies. Par ailleurs, les éditeurs sont assez flous sur le nombre d’accès simultanés compris dans le tarif. Certains vont même jusqu’à vous annoncer de l’illimité ... jusqu’au moment de discuter concrètement du service et de vous dire qu’au-delà de 15 ou 20 personnes, il ne faut pas exagérer ...
[...] Les méthodes employées par son commercial étaient dignes du pied dans la porte du vendeur d’aspirateurs des années 50 ! Sans trop d’efforts, [...] j’ai réussi à obtenir des ristournes hallucinantes, ce qui laisse songeur quant aux marges que ces outils numériques leur permettent ... [2] [...] la pression constante que les commeciaux opèrent sur leurs cibles ; car non contents de vous appeler régulièrement, ils sont même carrément capable de tenter de s’incruster jusque dans votre bureau alors que vous aviez refusé la veille un entretien ! »
Et puis, me fait on remarquer, l’année suivante, lors du renouvellement, les remises ne sont plus là ...
"Un repas gratuit, ça n’existe pas" (traduction libre de l’expression américaine "There’s no such thing as a free meal".).
Négocier ?
Mais s’il s’agit d’un contrat d’abonnement d’un montant important et envisagé sérieusement depuis longtemps — et non d’un achat ponctuel —, on peut parfaitement profiter de l’aubaine que représente un gros contrat pour l’éditeur et insérer des clauses comme le maintien du prix pendant deux ans, ou une limite de tant de % à son augmentation pour les trois années à venir, ou la suppression de tous les abonnements papier correspondants, etc.
L’appel à l’imagination et la rigueur contractuelles d’un civiliste ou d’un spécialiste de la rédaction de contrats parmi vos collègues de bureau peut s’avèrer intéressant. Sans parler de l’appui de ceux en charge des finances ...
C’est pourquoi il faut aussi négocier sur tout le reste. Et obtenir les statistiques de consultation sur une base de données. Et ce, avant de signer, lors de la période de test ...
Cela dit, les plateformes en ligne, surtout globales, créent un phénomène de dépendance chez certains utilisateurs. C’est un inconvénient de leurs avantages. Il est donc difficile de s’en passer et ce qui a été obtenu doit être défendu à chaque renouvellement ... (voir nos articles Papier contre numérique ou papier avec numérique ? et Former les étudiants en droit et les jeunes juristes aux recherches : faut-il jeter le papier ?).
Ou attendre ?
Au final, regardez-y à deux fois avant de foncer sur les promos des éditeurs. Mieux, voyez si vous ne pouvez pas attendre quelques années, histoire que se développe la vente de ressources en ligne à la consommation/au coup par coup comme c’est le cas aux Etats-Unis. Et Francis Lefebvre, Lextenso et maintenant EFE [3] pratiquent la vente de ressources numériques en ligne à l’ouvrage/la base.
Mais si vous avez un projet d’acquisition sérieux et bien préparé, la période de fin d’année est propice, comme le montre l’exemple cité par la Lettre du cadre territorial.
Emmanuel Barthe
acheteur de documentation juridique s’exprimant à titre personnel
Notes
[1] Et si je m’abonnais à une BDD pour Noël ?, éditorial, La Lettre du cadre territorial n° 90 8 décembre 2006.
[2] Nous soulignons. Cet aspect financier est extrêmement important, que vous désiriez acheter ou pas. Pour une discussion plus argumentée, voir dans notre article Former les étudiants en droit et les jeunes juristes aux recherches : faut-il jeter le papier ? la partie finale intitulée "Les purement pro-électronique passent à côté des aspects financiers et des rapports de force entre éditeurs et clients consommateurs".
[3] Voir notre article EFE passe en ligne avec Analyses Experts.
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