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Petit traité de la reliure juridique
Dix conseils pour bien faire relier vos collections de revues

[Cet article est la reprise, mise à jour, d’un message publié à l’origine sur la liste adbs-info en septembre 1999. Il peut être complété par ce billet de notre collègue Carole Guelfucci.]

Vous vous apprêtez à faire relier des collections de périodiques. Mais vous n’en avez pas l’habitude.

Tout d’abord, deux préalables :

  • reliez en priorité les collections les plus abîmées (à condition qu’elles aient quand même de la valeur) et les plus rares, puis celles les plus consultées
  • prévoyez un budget reliure annuel pour relier chaque été l’année précédente des revues les plus consultées.

Ensuite, si vous n’avez jamais ou presque jamais fait relier de collections de revues, prêtez attention aux dix points suivants dans votre choix d’un relieur et vos relations avec lui :

 1/ Demandez des références, et interrogez les en détail. N’hésitez pas aussi à interroger les bibliothèques juridiques de type BU ou Bibliothèques de l’Ordre : vu le volume de leurs collections et leur taux d’usage, elles connaissent bien les relieurs.

Attention : comme vous pouvez le constater à la lecture de la liste infra, la transition vers le numérique fait des ravages dans ce secteur. Vérifiez donc sur societe.com ou, idéalement sur Infogreffe, et auprès de vos collègues que le relieur envisagé n’est pas en difficulté (redressement, sauvegarde, liquidation). Si c’est le cas et que vous avez des collections chez lui, envoyez immédiatement quelqu’un sur place reprendre possession de vos collections.

Tous les relieurs ci-dessous travaillent ou ont travaillé dans la reliure d’ouvrages et revues juridiques pour des bibliothèques et centres de documentation juridiques (liste non limitative, merci de me signaler tout manque ou erreur) :

  • Atelier Saint-Luc (72190 Coulaines)
  • Houdart Relicentre (75013 Paris) [1].

Pour une mise à jour de cette liste de relieurs ayant de l’expérience dans la reliure juridique, voir le billet de notre collègue Carole Guelfucci, également cité infra dans les commentaires].

 2/ Testez le relieur et ses reliures :

  • vérifier qu’il n’est pas en redressement judiciaire ou en difficulté (activité lourdement déficitaire l’année précédente)
  • demandez l’avis des autres bibliothécaires de votre communauté
  • demandez que le relieur vous montre des échantillons de toile et des reliures déjà faites
  • demandez, si c’est la première fois que vous travaillez avec un relieur donné, s’il peut vous faire d’abord un exemplaire gratuit
  • *le* test : prenez par les plats un volume relié bien épais, bien lourd, et secouez le : si vous entendez des craquements, s’il y a la moindre déchirure, la reliure n’est pas solide.

 3/ Le délai : demandez au relieur un délai serré mais réaliste (un relieur doit être capable de s’engager sur un délai d’un mois et une semaine, voire un mois et demi maximum), puis exigez un engagement — oral au minimum — sur ce délai, et si c’est le cas, dites expressément au relieur que ce délai est pour vous impératif.

 4/ Les prestations :

  • faites vous expliquer par divers relieurs et par les références que vous consultez les différents types de reliure et de toile et leurs avantages et inconvénients
  • il peut aussi être utile de demander au relieur de commenter un exemple de facture de reliure
  • pour les revues de droit, il est quasi-obligatoire de prévoir dans les prestations la plaçure, c’est-à-dire le désagrafage puis le rangement ensemble des diverses parties d’une revues avant l’étape de la reliure proprement dite
  • attention : un relieur doit absolument inclure dans ses prestations la vérification qu’il ne manque pas de numéro dans chaque collection, quand bien même vous avez vous-même déjà effectué cette vérification (c’est arrivé au moins une fois à tout le monde d’oublier un numéro).

 5/ Les prix :

  • sur une prestation identique (mêmes collections, mêmes types de reliure, mêmes toiles), demandez un devis à plusieurs relieurs
  • faites réaliser plusieurs devis par un même relieur selon les choix de reliures
  • les réductions pour quantité ne doivent pas être symboliques. En échange, groupez au maximum vos reliures
  • quel est le taux de TVA applicable pour des travaux de reliure de revues ou de livres/traités ? Une question-réponse ENSSIB de 2018 cite un BOFiP de 2013 qui aux n° 220 et 290 donne la réponse [2] (ça n’a pas changé depuis) :
    • livres : 5,5 % (taux réduit)
    • périodiques : 20% (taux normal).

Relieur artisanal

 6/ La période de reliure :

  • les relieurs sont souvent débordés en août : si vous voulez profiter des vacances judiciaires du mois d’août pour faire relier vos collections, prévenez le relieur suffisamment à l’avance, soit au plus tard fin mai
  • rappelez lui également le rendez-vous 2-3 semaines à l’avance puis 2-3 jours avant. Il s’est avéré que quelques relieurs ne pratiquaient pas une gestion d’agenda rigoureuse avec réservation de dates par le client.

 7/ Regroupez vos collections avant que le relieur vienne :

  • commencez à rechercher les numéros manquants un mois avant (si, si !...) ; s’il manque des numéros, commandez les à l’éditeur ou demandez à un autre cabinet si vous pouvez passer chez lui les photocopier
  • une fois les collections regroupées, mettez une étiquette expliquant que la collection est à la reliure
  • mettez les collections regroupées sous votre surveillance et ne les laissez plus en accès libre, sinon de nouveaux numéros risquent de disparaître. Donnez les de la main à la main à ceux qui les demandent et demandez leur s’ils ne pourraient pas photocopier immédiatement ce qui les intéresse plutôt que de les emporter dans leur bureau
  • expliquez aux mécontents que la revue est disponible en ligne. Si elle ne l’est pas, expliquez lui les avantages de la reliure : d’une part, les collections sont préservées (certains éditeurs ne conservent ni ne rééditent plus les numéros anciens de leurs revues...), plus belles et plus faciles à retrouver sur les tables et dans les bureaux ; d’autre part, pendant le temps où les collections sont à la reliure, on peut toujours commander l’article ou l’arrêt au service télécopie de la Bibliothèque de l’Ordre, au CERDOC de la Bibliothèque Cujas ou à un autre service externe.

 8/ Lorsque le relieur vient prendre les collections, avec lui, faites la liste exacte de ce qui part.

 9/ Une semaine avant la date prévue pour le retour des collections, passez un coup de fil pour vérifier qu’il n’y a pas de retard. Si retard il y a et qu’il vous met dans une situation difficile, expliquez le au relieur, et rappelez lui qu’il s’est engagé sur le délai et que ce délai est impératif à vos yeux.

 10/ Lors du retour des collections, vérifiez le travail devant l’employé du relieur qui les a ramenées :

  • faites le test supra sur quelques volumes choisis au hasard
  • vérifiez au hasard dans quelques volumes dans chaque collection qu’aucune partie, aucun numéro ne manque
  • si vous constatez un défaut à ce moment ou même plus tard, exigez fermement que le travail soit refait à la charge du relieur et le plus vite possible (ce que j’ai obtenu dans un cas précis).

Emmanuel Barthe
bibliothécaire documentaliste juridique

Notes

[1Pour mémoire, de nombreux relieurs ont cessé leur activité suite au développement de la documentation électronique et à l’arrêt de la reliure des revues, notamment dans les BU. Voici la liste :

  • Multirel [a cessé ses activités, le dirigeant fondateur n’ayant eu pas eu envie de transmettre ; il a eu raison]
  • Ardouin [liquidation judiciaire annoncée le 13 janvier 2020]
  • Jicédel France [a cessé ses activités fin 2018]. La société mère Jicédel (Belgique) existe toujours et oeuvre toujours dans la reliure juridique
  • Atelier Lemaire [a cessé ses activités]
  • Richert [a cessé ses activités en 2007]
  • Vialette [liquidation judiciaire annoncée le 19 juillet 2011].

[2TVA - Liquidation - Taux - Produits imposables au taux réduit - Livres, BOFiP, BOI-TVA-LIQ-30-10-40, 15 juillet 2013.