Nouveau site de l’Autorité française de la concurrence : les plus et les moins
Mais pas de redirection automatique ...
Le site de l’Autorité française de la concurrence (ADLC) a été "revampé" et le nouvelle version est sortie ce 7 novembre. Voici mes premières impressions.
Charte graphique, web design : plus clair, plus aéré, adapté aux portables
– C’est beau, mais assez lisse et standard. Le nouveau site utilise beaucoup de ces images libres de droits qu’on voit maintenant un peu partout sur les sites "corporate".
Chez les sites des AAI et juridictions, on voit clairement monter une mode : le "revampage" avec "responsive design" (dit RWD : design adapté aux mobiles), vidéos, belles images et gros caractères. Il y a notamment un air de parenté avec le site du Conseil constitutionnel. Ce qui présente des avantages et des inconvénients, comme ici :
- avantages :
- plus grande lisibilité sous appareils mobiles. C’est devenu crucial de nos jours
- les illustrations et le texte aéré donnent plus envie de lire
- le site fait plus professionnel. Cela semble important vu le "niveau judiciaire" de l’Autorité. Une question de standing, en quelque sorte
- inconvénients :
- le revers d’une certaine standardisation : le site se distingue visuellement moins de la masse, beaucoup de sites et blogs, notamment sous WordPress, ayant déjà pris cette apparence
- comme pour le site du Conseil constitutionnel, cette mode fait perdre à l’information disponible sur les pages du site de l’ADLC sa "compacité". Notamment du fait de la place prise par les images et les blocs en haut des pages éditoriales, particulièrement quand on est sous smartphone — ce qui va à l’encontre du but initial du "responsive design". Sur les pages des décisions et avis, en revanche, le problème ne se pose pas, celles-ci étant évidemment sans illustration.
Perte de place en haut sur les pages éditoriales du nouveau site de l’ADLC
Même problème de perte de place en haut sur le site du Conseil constitutionnel
Idem, en moins net, sur le site du Conseil d’Etat
Et idem, en moins net là aussi, sur le site de la Cour des comptes
Nouveaux contenus
@fcdumonteil signale que :
- les sections "Qui sommes nous" et "La concurrence et vous", ont été étoffées, rendant le tout plus pédagogique
- à l’inverse, les coordonnées des rapporteurs ont disparu.
Isabelle de Silva précise sur Twitter que l’Autorité va « continuer à compléter les contenus pédagogiques, avec des petits films pour expliquer les infractions de concurrence, à l’intention des PME notamment ».
Structure/rubriques du site : globalement, simple et aisément compréhensible
– La structure du site semble plus compréhensible que le nouveau site du Conseil constitutionnel. Tout particulièrement, les publications ont leur propre rubrique (on ne doit pas aller les chercher dans Actualités et événements comme chez le Conseil, ce qui n’est pas évident). NB : à propos de cet aspect du nouveau site du Conseil, certains ont eu la dent beaucoup plus dure que votre serviteur [1].
– Toutefois, il y a eu des choix contestables. Les rubriques de premier niveau (juste sous la page d’accueil) de l’ancien site étaient plus nombreuses et donc plus parlantes et en conséquence, l’accès aux contenus était plus direct. Ainsi, les rapports d’activité (dits aussi rapports annuels) de l’institution sont devenus plus difficiles à trouver au sein du nouveau site.
Et je ne parle pas ici du problème des URLs qui ne sont plus à jour dans Google, Bing ou Startpage, cf infra). Ainsi, si on passe par Google, on va facilement trouver le rapport d’activité 2005 du Conseil de la concurrence sur la Bibliothèque des Rapports Publics (BRP), tenue par la DILA, ex-Documentation Française. Mais pas la version publiée sur le nouveau site de l’ADLC.
Les rubriques de l’ancien site de l’ADLC : plus précises
En fait, les rapports de l’institution sont toujours sur le site de l’ADLC mais un peu cachés : anciennement ils étaient dans Publications > Rapports annuels. Désormais, il sont dans Actualités et publications > Publications > Type > Rapports annuels et ensuite, il faut reculer dans le temps en cliquant en bas de page sur les pages précédentes (exemple). De trois clics on passe à au moins six clics.
Les rubriques du nouveau site de l’ADLC : moins nombreuses
Moteur de recherche
– Le moteur est rapide et ses déclinaisons incluent, comme dans la précédente version du site, la possibilité de sélectionner les secteurs professionnels/industries, notion clé en droit de la concurrence. Le singulier trouve le pluriels et vice versa. Si on écrit un numéro de décision sans ses tirets, ça passe. En revanche, si on oublie le zéro devant, ça casse. Reste à faire des tests plus fins sur le moteur de recherche ...
La recherche de décisions et avis par secteur est possible. Précieux
– Attention : les décisions de contrôle des concentrations (n° 18-DCC-178 par ex.) ne sont pas dans le moteur "Avis et décisions". Peu de gens pensent à les chercher dans "Décisions de contrôle des concentrations" (vécu). D’autant que la redirection des anciens liens vers les décisions DCC se fait vers la page de recherche "Avis et décisions". La co-existence de deux listes/moteurs est contre-intuitive et "confusionnante". Surtout avec l’intitulé très large ("Avis et décisions") pour le 1er moteur. Résultat : des juristes pensent que les décisions DCC ne sont plus présentes sur le nouveau site de l’Autorité ... Ce qui n’est PAS le cas.
Pas de redirection automatique systématique ni de texte intégral au format HTML
– Un moins : les anciens liens hypertextes, même vers les PDF, sont cassés :-/ Et il n’y a pas de redirection automatique vers les nouvelles URL, juste une redirection vers la page de recherche des décisions et avis. Ce qui n’est pas si mal, mais tout de même dommage. La redirection automatique permanente des anciennes adresses vers les nouvelles est une bonne pratique de la refonte de site web [2].
Pour prendre un exemple dans le monde juridique : Lextenso, qui est sur le point de passer sa base en ligne sur un autre nom de domaine et avec des URL différentes a prévu une redirection automatique de *toutes* les adresses anciennes vers les nouvelles.
La Netscouade, qui a réalisé cette nouvelle version, est est une agence de web design expérimentée et habituée aux clients institutions mais l’ADLC a peut-être estimée que ce n’était pas utile. Cet oubli est un peu surprenant. Est-il prévu à court terme de corriger cela ?
– Un regret persistant : la refonte du site aurait pu être l’occasion de mettre enfin les avis et décisions au format HTML (page web), ce qui aurait facilité :
- leur lecture, tout particulièrement sous smartphone
- leur indexation et leur référencement par les moteurs de recherche — lutant ainsi contre le problème exposé supra de l’absence de redirection automatique des liens.
Emmanuel Barthe
documentaliste juridique, veilleur, webmestre
Les décisions et avis restent au format PDF seul
Notes
[1] Un nouveau site au Conseil constitutionnel. Hélas !, par Olivier Beaud, blog de Jus Politicum, 1er octobre 2018.
[2] Pour les geeks, web designers et webmestres : voir "Refonte du site : préférer les évolutions progressives et maintenir les liens hypertextes" dans notre article Nouveau site de l’Autorité française de la concurrence : les plus et les moins.
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