Lobbying : une bibliographie sélective
Des livres sur les groupes d’intérêt
Voici une sélection d’ouvrages pas trop vieux sur un sujet délicat et souvent (et à tort [1]) traité de manière blanc/noir [2] : les lobbies (ou groupes d’intérêt, ou encore groupes de pression).
– Le Guide du plaidoyer : Bâtir sa stratégie d’influence pour faire évoluer la loi, par Elsa Foucrault, Dunod, 2023. Selon Pierre Januel : « indispensable pour les associations qui se lancent parfois dans le lobbying (et souvent n’importe comment) ». Voir l’entretien avec l’auteure sur le site des éditions Dunod qui dévoile pas mal de choses sur ce livre [3].
– Sur le lobbying, j’ai toujours beaucoup apprécié le "pape" Michel Clamen, un lobbyiste qui a longtemps enseigné à la Catho. Clamen enseignait notamment l’intérêt du "win-win", de proposer une solution toute préparée ou encore de cultiver la comitologie (utiliser ou influencer les experts, très présents dans les nombreux comités systématiquement consultés en amont de toute proposition de texte européen). Il faut ajouter à cette liste l’intérêt d’exercer le lobbying au niveau (champ d’application territorial) le plus élevé possible : idéalement traité/organisation internationale comme le traité de l’OMPI de 1996 et son fameux test des trois étapes ou triple test ou organisation régionale comme l’Union européenne (directives et règlements européens [4]), le NATFA ou le Mercosur, car ensuite les règles adoptées s’appliquent automatiquement aux échelons inférieurs ou bien elles y sont transposées.
La dernière édition de son manuel :
Manuel de lobbying, par Michel Clamen, Dunod, 2005, 432 p. [5]. Aussi de lui : Lobbying : de l’histoire au métier, Géoéconomie, 2014/5, n° 72, p. 165-182
– Du lobbying au E-lobbying, par Viviane de Beaufort, Larcier, 2019, 316 p.
– Lobbying - Les coulisses de l’influence en démocratie, par Marie-Laure Daridan et Aristide Luneau, Pearson, 2012, 256 p.
– Guillaume Courty — probablement le chercheur français qui a le plus et le mieux étudié le lobbying, sous tous les angles possibles et loin des clichés [6] — a dirigé un ouvrage collectif publié en janvier 2023 : Les Groupes d’intérêt en France, Classiques Garnier, 2023.
Toujours de Guillaume Courty :
- Le lobbying en France. Invention et normalisation d’une pratique politique, par Guillaume Courty, Peter Lang, 2018, 401 p. (un compte-rendu critique de lecture).
- Les groupes d’intérêt dans les campagnes électorales, La Vie des idées, 8 février 2022
– Lobbying en Europe : résumé exécutif et recommandations, Transparency International, 2015
Notes
[1] Voir notre billet : Lobbying : de la naïveté en politique.
[2] Prenons juste quelques exemples français : il n’y a pas que le Medef ou l’AFEP. Le BEUC, Amnesty International ou Transparency International sont aussi des lobbies. Mais aussi des organismes beaucoup moins connus, beaucoup plus discrets, comme l’ANSA.
[3] L’emploi du terme "plaidoyer" peut faire sourire. C’est exactement la même chose que le lobbying ou l’influence. Les mêmes buts et les mêmes techniques. Seule la catégorie d’acteurs pour laquelle ce lobbying est mené diffère.
[4] Le Digital Services Act (DSA), par exemple, porte la trace d’un tel lobbying réussi : son article 30.2 précise que les vendeurs professionnels restent responsables « de l’exactitude des informations fournies », ce qui permet aux places de marché et la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (FEVAD) de contester la volonté des reconditionneurs (Sofi Group, Recommerce, RCube et Okamac) de faire assumer par les "market places" tout un travail consistant à s’assurer de l’existence légale des vendeurs afin de lutter contre les fausses adresses ou les simples boîtes postales. Voir : TVA, copie privée… Back Market fait la chasse aux vendeurs resquilleurs, par Marc Rees, L’Informé, 2 avril 2024.
[5] Cet ouvrage résulte de la fusion de deux ouvrages précédents du même auteur : Le lobying et ses secrets, 3e éd. et Pratique du lobbying : 17 dossiers analysés et commentés.
[6] Mais ses publications restent d’abord universitaires et sociologiques, elles manquent d’un côté "pratico-pratique".
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Comment accéder aux correspondances entre un groupe d’intérêt et les pouvoirs publics
NB : comme le dit un responsable de plaidoyer « Les correspondances entre un lobby et les pouvoirs publics ont l’air d’intéresser beaucoup de monde, j’ai donc une très bonne nouvelle à vous annoncer : il s’agit de documents administratifs communicables et n’importe quel citoyen peut demander à y accéder. »
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