Les malheurs de Cassiopée, l’application de gestion de la chaîne pénale
Toujours pas au point bientôt 20 ans après son lancement
Pendant longtemps, dans les années 200 et 2010, avant l’explosion des réseaux sociaux et notamment de Twitter, j’ai tenu sur ce blog une chronique de l’informatisation de l’Administration et de la Justice, que j’avais intitulée "L’e-Administration avance lentement".
Les applications internes des tribunaux pour gérer le contentieux étaient un des sujets de cette chronique [1].
Je devrais m’y remettre. On aurait pu se croire arrivé, mais le chemin est encore long.
Ces deux fils Twitter du 4 mai de Maêlle Thaëmiss — une greffière — mettent en quelque sorte à jour mon vieux suivi de CASSIOPEE sur mon blog et montrent, ici en matière de gestion de la chaîne pénale, le chemin qui reste à parcourir.
Je cite Mme Thaëmiss :
« Plus de 10 ans qu’on utilise le logiciel pénal Cassiopée. Les actes d’appel ne sont toujours pas corrects, les lenteurs régulièrement présentes, les informations difficiles à saisir même en ce qui concerne la peine prononcée lors d’une condamnation.
Alors moi je veux bien le Wi-Fi partout, mais si on pouvait commencer par l’essentiel. Genre un logiciel qui fonctionne et ne nous fasse pas perdre du temps car il n’arrive pas à fusionner ou bien je dois taper la moitié de la peine quand je prends un appel car il ne connaît pas le sursis probatoire renforcé. Et encore : ça, c’est récent. Sachez qu’on ne peut pas enregistrer correctement une relaxe partielle. Pour Cassiopée, on relaxe sur tout ou on ne relaxe pas. Je vous raconte pas le b... pour enregistrer ça.
Ce logiciel a été développé par une première entreprise qui a cessé son activité alors que le logiciel n’était pas finalisé. La suite de son développement a été confié à une nouvelle entreprise (il paraît que c’est un cauchemar de poursuivre le développement d’un logiciel ...) [...]
Des modules prévus initialement ne sont toujours pas opérationnels. Nous n’avons pas la main sur nos propres logiciels. Nous travaillons avec des professionnels de l’informatique qui ignorent nos difficultés. C’est un des soucis que la DSJ tente de rectifier. Le manque de communication. »
On peut aussi constater l’énervement quotidien voire le désespoir des greffiers au pénal sur ce fil Twitter du 18 mai initié par SirYesSir et qui commence ainsi :
« Je veux avancer l’enregistrement du dossier d’un de mes 5 défèrements du jour sur Cassiopée.
Cassiopée : "Cette page ne peut s’afficher."
VA. MOURIR. »
Et "fée clochette" (sur Twiitter) de conclure : « Conclusion : le vieux Winci fonctionne toujours bien ... Et on est mal parti avec Portalis ... »
Sur les problèmes de Cassiopee dans les années 2000 et 2010 (sur ce blog) :
- 2008 : L’e-Administration avance lentement (suite) — Le point sur les applications du ministère de la Justice et sur l’avancée de l’informatisation des tribunaux
- 2009 : E-Justice — Nouveau système informatique des juridictions pénales CASSIOPEE : dérapage des coûts, retards et erreurs
- 2010 : E-Justice : application très problématique du logiciel Cassiopée au tribunal de grande instance de Bordeaux — et probablement ailleurs, E-justice — L’informatique des tribunaux français serait arrivée à un niveau élevé
- 2012 : 2001-2011 : les errements de Cassiopée, le workflow de la chaîne pénale, et les SSII
- 2017 : Informatisation de la justice et de la jurisprudence : un spécialiste de Cassiopée au cabinet du ministre de la Justice.
On voit que le problème date. Et le peu d’avancées.
A se demander parfois si cela dérange réellement les politiques.
Emmanuel Barthe
Notes
[1] Voir sur ce blog : E-Justice — La liste des projets d’informatisation du ministère de la Justice.
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