Les logiciels de gestion de références bibliographiques recommandés pour les sciences juridiques (avec beaucoup de Zotero dedans)
Payants, gratuits, styles bibliographiques adaptés au droit français, comparatifs ...
Vous avez un mémoire ou une thèse à faire ? Vous écrivez souvent des articles pour des revues juridiques ? Vous avez du mal à gérer vos références bibliographiques dans Word ou Libre Office ? Vous voudriez pouvoir faire facilement une recherche dans les articles que vous avez repérés ?
Les logiciels de gestion de références bibliographiques ("reference managers" en anglais) sont faits pour vous.
En droit français, on peut en recommander trois [1], solidement établis.
Payants
– Endnote (ex-groupe Thomson Reuters, désormais groupe Clarivate Analytics) :
- site officiel : http://endnote.com
- version d’essai 1 mois gratuite
- tutoriel simple pour évaluer ou débuter
– Mendeley (groupe Elsevier, entité membre du groupe qui possède LexisNexis) :
- site officiel : https://www.mendeley.com
- la version de base est gratuite mais limitée à 2 Go d’espace personnel ; la version complète est payante
- tutoriel simple pour évaluer ou débuter
- NB : le 15 mars 2021, Mendeley a supprimé son application mobile (pour smartphone), tant Android que iOS. On ne peut pas dire que cette nouvelle a été bien accueillie par la communauté. La seule solution, si on veut rester chez Medeley en mobile, est de passer par le navigateur web de son smartphone.
Gratuits
– Zotero (open source) :
- site officiel : https://www.zotero.org
- un tutoriel simple pour évaluer ou débuter, disponible sur le site officiel de Zotero
- pour aller plus loin :
- Gérer ma biblio avec Zotero, par les BU de Rennes 1 (dernière mise à jour 23 septembre 2020)
- une vidéo d’une conférence sur Zotero organisée par le Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante (CRIFPE) à l’Université de Sherbrooke (Québec) en 2009
- un tutoriel complet, très bien fait proposé par la BIU Santé du Pôle Médecine de Paris : Gérer ses références bibliographiques avec Zotero (septembre 2018, PDF, 76 p.)
- Atelier Zotero pour les doctorants, par Form@doct, Université de Bretagne Loire, 3 avril 2019
- moins didactique, mais avec un tas de paramétrages et d’addons malins : Approfondissement de Zotero, par Marie-Laure Malinre, URFIST Rennes (8 avril 2019, PDF, 106 p.)
- la liste des styles bibliographiques Zotero (en anglais : « bibliographic formats »).
– JabRef (open source). Outil de gestion bibliographique pour les bases de données BibTeX, fonctionnant avec Linux, Windows et MacOS. Très peu cité et pas pour le droit. Voir cet utilisateur français. Un guide par Polytechnique Montréal. Un autre par M. Bailly-Bechet, Université Claude Bernard Lyon 1, Laboratoire de Biométrie et Biologie Evolutive (PDF).
Existe t-il des styles bibliographiques pour le droit français (doctrine) pour ces logiciels ?
– Zotero : cinq styles adaptés au droit français ont vu le jour à partir de 2018. Les juristes ont donc le choix entre six solutions au total :
- le style ISO 690 French en format Note [de bas de page] (disponible dans le « repository » de Zotero) s’avère le plus souvent suffisant en pratique d’après Rémy Lérignier, documentaliste juridique et formateur rattaché à la faculté de droit de Poitiers (où il forme et assiste les thésards) et connaisseur du sujet. A propos de ce style, en cas de difficulté, lire cette discussion le forum de Zotero.org.
D’après R. Lérignier, également, s’il y a peu de scories dans le résultat final, les styles de Zotero peuvent se corriger en suivant des tutoriels disponibles sur Internet - le style CSL “Université de Bordeaux - École doctorale de droit (French)” élaboré par Frédérique Flamerie (data librarian) [2] (avec documentation associée) est censé faire encore mieux. Ce style CSL (donc compatible Zotero, mais aussi Mendeley) [3], finalisé à 100% en janvier 2019, correspond aux consignes de l’Ecole doctorale de droit de l’Université de Bordeaux et est proche de l’ISO 690, le format préféré de Stéphane Cottin. Un travail intéressant car il s’appuie sur un guide de rédaction des citations (format DOCX). Les utilisateurs et les formateurs ont toutefois développé des réserves après expérience [4]
- le style Zotero proposé par Alphonse Bernard, juriste et docteur en propriété intellectuelle de la faculté de droit de Poitiers [5]. Ce style est basé sur le guide Ref-Lex du SNE
- le style Presses universitaires de Rennes créé par Franziska Heimburger, allocatrice-monitrice normalienne à l’EHESS. Il est utilisé par exemple par Guillaume Chetard bien que non créé initialement pour le droit, semble-t-il
- le style de l’Université de Liège Droit créé par messieurs Desseilles et Cordier. Il est recommandé par Romane Mondonnet
- le style Sorbonne Student Law Review - Revue juridique des étudiants de la Sorbonne, le plus récent.
Pour la citation de jurisprudences françaises avec Zotero, voir la discussion sur le forum de Zotero.org et ce fil de discussion lancé par Aurélie Coviaux sur Twitter.
Comme le dit mon collègue Rémy Lérignier, « les "petites manies" de certains juristes rendent une réponse unique difficile. À eux de modifier des styles préexistants pour satisfaire leurs desiderata ;-) ».
– Juris-M : c’est un "fork" de Zotero (Zotero étant open source) pour juristes. Il a été adapté pour le Bluebook américain et le multilinguisme. Dans le type de documents "affaire" les juridictions françaises sont implémentées. Pour en savoir plus :
- guide pour Juris-M par la Harvard Law Library
- Juris-M (Zotero for Legal Materials) Tutorial par la Georgetown Law Library.
– Endnote : a priori non. Mais voir si le style GuideLluellesUdeM (basé sur le Guide des références pour la rédaction juridique, 7e édition donc un ouvrage québécois …) que des Québécois de l’Université de Montréal ont développé pour le droit canadien peut convenir. Pour se faire une idée, voir ce PDF.
– Mendeley : a priori non. Depuis 2018, oui :
- d’après R. Lérignier, les styles Mendeley et Zotero sont très proches
- et l’Ecole doctorale et l’URFIST de Bordeaux, comme mentionné supra, ont publié le 26 septembre 2018 un style CSL (donc compatible Mendeley — et Zotero) adapté au droit français.
Pour aller plus loin
Deux guides pour choisir son "reference manager" :
- un très simple sur le site Formadoct de l’Université de Loire-Bretagne (novembre 2017)
- un excellent comparatif, nettement plus développé (46 slides) et mis à jour en mai 2016, vous permet de comparer ces logiciels à fond et d’en choisir un autre si nécessaire : Panorama des logciels de gestion de références bibliographiques. Eléments pour choisir son outil par Cohen-Adad, Frédérique, URFIST de Paris, mai 2016 [6]
Pour plus d’information, interrogez les supports/assistances des divers logiciels (voir sur leur site web) ou, par Google, utiliser la requête suivante : [nom du logiciel] style bibliographique droit. Ou encore, lancez une discussion sur Twitter, les communautés des différents logiciels y étant très présentes.
Emmanuel Barthe
bibliothécaire documentaliste juridique
Notes
[1] Si vous avez d’autres recommandations, je suis preneur : les commentaires sont ouverts.
[2] Son compte Twitter : @fflamerie. Son compte LinkedIn. Frédérique Flamerie est chargée de mission "Données de recherche" à l’Université de Bordeaux (data librarian).
[3] Un fichier CSL est un fichier XML qui décrit comment sont organisés les différentes informations d’une notice bibliographique (auteur, titre d’article, titre de revue, année, numéro de volume, pagination, etc.) et la ponctuation adoptée, pour obéir aux normes d’affichage préconisées par les revues. Il est ainsi possible d’importer aisément dans son logiciel de gestion bibliographique un nouveau mode d’affichage de bibliographie. Ce format est reconnu par plusieurs logiciels de gestion de bibliographies, dont Zotero et Mendeley. Source : Wikipedia.
[4] Citer des références bibliographiques juridiques : guide de rédaction : notes de bas de page et bibliographie, par l’Ecole doctorale Droit et l’URFIST de Bordeaux, 2e éd., septembre 2018 (format Word .docx). La 1ère édition (format PDF) date de 2017 et n’intégrait pas le style.
[5] Proposition d’un style Zotero adapté pour les juristes français par Alphonse Bernard, Blog droit européen, 19 juillet 2018.
[6] On avait déjà parlé ici de sa version de 2012.
Commentaires
3 commentaires
Les logiciels de gestion de références bibliographiques recommandés pour les sciences juridiques
Bonjour Emmanuel,
Une petite remarque (mais un long message, désolé). J’invite effectivement chacun à prendre connnaissance du guide et du style de Bordeaux (important travail à saluer, notamment de Frédérique Flamerie, excellente formatrice :-). Je ne le "recommande" pas pour autant par rapport au style fait par Alphonse Bernard car, 1. je n’ai pas de légitimité particulière à le faire, chaque auteur restant libre de sa rédaction et de son référencement, à condition d’assumer ses choix :-) 2. mais aussi parce la non prise en compte du travail fait par les initiateurs de Ref-Lex me pose problème. Le droit français dispose enfin d’un système de référencement bibliographique qui pourrait (devrait ?) devenir une "norme" (même s’il n’est pas question de l’imposer à tous bien évidemment, cf. mon propos précèdent sur la liberté assumée). Ne serait-il pas mieux que tous les acteurs du monde juridique participent à améliorer et à compléter Ref-Lex plutôt que chacun continue de faire dans son coin avec ses petites habitudes ? Et que soit diffusé et mis à jour, dans le cadre de l’initiative Ref-Lex, un style pour les principaux logiciels de gestion bibliographique. Il existe déjà, dans d’autres pays, des styles basés sur des guides, comme par exemple le Lluelles : http://www.bib.umontreal.ca/lgb/zotero/fichiers/styles-bibliographiques.htm. Les initiateurs des deux styles juridiques cités dans l’article ne pourraient-ils pas travailler ensemble pour parfaire le travail autour du style Zotero basé sur Ref-Lex ? Désolé pour cette longue réponse.
Les logiciels de gestion de références bibliographiques recommandés pour les sciences juridiques
Il est rare dans le milieu de l’Open que tout le monde soit d’accord. Les chapelles existent bel et bien. Même s’il est plus efficace de réunir les efforts.
Cela étant précisé, je crois que le style SNE comporte quelques lacunes très gênantes (prénoms abrégés, absence de gestion satisfaisante des adresses électroniques/URLs ...). Stéphane Cottin et moi-même les avons listées dans cet article et ses commentaires : Tutoriel pour rédiger vos citations de doctrine - Notes de bas de page et bibliographie en droit.
Article que je prévois de faire évoluer car je me rend compte que la norme SNE a encore d’autres défauts : par exemple, abréger les titres des usuels comme les JurisClasseurs empêche les non-initiés de comprendre de quoi on parle. D’ailleurs, avec l’avènement de la documentation électronique, de nombreux jeunes juristes ne savent pas ce que signifie "JCl" (et encore moins "JCP"). Et comme le rappelle S. Cottin, la ISO 690 est une norme internationale, suivie par toutes les sciences humaines et sociales. Et le droit s’en affranchirait, comme ça, largement ?!?!
Le véritable défaut de la SNE — et je rejoins S. Cottin là-dessus —, c’est qu’elle ne représente pas un véritable consensus, y compris parmi les éditeurs. A mon sens, avant de vouloir faire adopter/imposer une norme, il faut construire un quasi-certain consensus parmi *tous* les acteurs. Sinon, le projet est en danger dès le départ. La norme SNE, à cet égard, ne représente hélas que les éditeurs, même si des documentalistes juridiques de cabinets d’avocats ont été consultés. Et, répétons le, ils ne l’appliquent pas tous.
Alors, on pourrait certes décider de faire taire les querelles de chapelles pour privilégier l’efficacité en n’ayant qu’une seule norme en pratique. Ce serait bien, voire idéal pour les tenants de la SNE. Mais je ne pense pas que ce soir réaliste, la nature humaine et les intérêts (divergents) des acteurs étant ce qu’ils sont.
A mon avis, pour unifier tout ça, il faudrait que le SNE ou un autre organisme (re)prenne son bâton de pélerin, mais en incluant — et officiellement — non seulement les éditeurs mais aussi les Universités (BU, écoles doctorales, Urfists), les associations (ABF, directeurs de bibliothèques, Juriconnexion, ADBS) et *tous* les éditeurs (i.e. les petits et moyens compris). Après, dans le groupe de travail, il faudrait définir ce qu’on veut obtenir (les buts) et qu’on en déduise les règles de citation pour y parvenir. Enfin, accepter les compromis nécessaires de tous les côtés. Puis faire adouber et officialiser cela par les plus hautes autorités possibles. Idéalement, il faudrait penser UE et non France seulement, mais là je rêve ;-)
Tutoriel modifié en 2022
Ça y est, nous avons modifié notre tutoriel cité supra.
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