Les libraires français contre les géants Internet : premiers portails de vente de livres numériques
L’un, très sobre, fonctionne, l’autre est en construction
La Tribune de ce lundi 10 mai fait le point sur les premières contre-offensives des (grands, surtout) libraires français face aux géants GG Books, Amazon et Apple, en matière d’e-books/livres numériques. Elles bénéficient selon Sandrine Bajos du soutien des éditeurs.
1001libraires.com — pas encore en service
Le portail 1001libraires.com, soutenu par le Syndicat de la librarie française (SLF), verra le jour « à l’automne » 2010. Il compte actuellement une « quarantaine de librairies, toutes entrées au capital ». Un accord a été signé avec Electre pour la fourniture des données bibliographiques. Le montant annuel de la cotisation est calculé en fonction du chiffre d’affaires du libraire, ce qui pourrait convenir aux petits libraires.
ePagine — déjà en service
Tite-Live, éditeur de logiciels de gestion de librairies, a lancé, lui, ePagine qui regroupe une vingtaine de librairies et est déjà opérationnel. Pour l’instant, il présente surtout le catalogue Gallimard.
J’ai regardé. ePagine offre plusieurs formats : mobi, pdf (image/texte), pdf tablette, pdf et epub. Tous protégés (DRMs). Mais, en réalité, seuls les deux derniers (PDF et epub) sont quasi-systématiquement présents. La présentation des ouvrages est très — trop selon moi — courte : pas de possibilité de laisser un commentaire, aucune véritable critique littéraire ou autre contenu externe ne vient enrichir les pages. Certes, certains ouvrages trop rares sont présentés sur le blog de ePagine (exemple) mais cela reste de toute évidence une présentation par l’éditeur, c’est hors du site et c’est marginal.
En revanche, on peut télécharger une extrait de l’oeuvre pour se faire une idée et la noter de 0 à 5 (exemple). Bon points, mais ces fonctionnalités ne sont à mon avis pas assez mises en avant/rendues visibles. Etre le premier, c’est bien, mais il manque vraiment de l’animation et du contenu critique et externe (des sites de libraires individuels, des blogueurs ?) sur ce site.
Le vrai problème
Sur le fond, il faut reconnaître qu’il n’est pas facile de mettre en place une offre adaptée, pas facile de créer des communautés de lecteurs, et encore moins simple de vendre un produit et d’en vivre (et de faire vivre toute la chaîne), quand tout le monde pense qu’Internet, hors abonnement, est gratuit et que les empêchements de télécharger en rond sont de facto aussi faibles.
Une bonne part du problème est entre les mains des fournisseurs d’accès (FAI) et des moteurs de recherche. Eux seuls peuvent contrôler ce qui passe, savoir comment les flux de données sont acheminés et éventuellement mettre en place les systèmes de paiement et de redistribution financière nécessaires pour que le reste des acteurs de l’information et de la culture vivent. Que ce soit pour la musique, l’info, la video ou le livre ou la presse.
Emmanuel Barthe
bibliothécaire documentaliste
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