La presse écrite et Internet
Tous les billets, toutes les sources
La presse, et particulièrement celle quotidienne et d’opinion, est une source essentielle d’information tant pour l’exercice du jeu démocratique — je passe, ça a été assez répété ailleurs — que pour la veille — ça, on ne le dit pas assez.
Or, les concentrations, la concurrence des sources gratuites sur Internet (dépêches AFP sur Google, Reuters sur Yahoo, gratuité en ligne de la majeure partie des articles du jour du Monde, de Libération, du Figaro, etc.) et des gratuits papier (20minutes, etc.) ou encore les habitudes de consommation d’information des lecteurs menacent la diversité et la richesse de cette information.
Pour tenter d’attirer l’attention sur ce problème qui va impacter presque tous les veilleurs d’ici un ou deux ans, je regroupe ici tous les billets que j’ai écrits sur le sujet de la presse. Beaucoup renvoient à des articles des Echos (et d’abord ceux de Nathalie Silbert, chef de rubrique Médias des Echos) et des billets du blog Novövision [1], autrefois tenu par un journaliste sous pseudo, Narvic.
- Les temps sont durs pour les "pure players" de la presse française en ligne — Retour au payant pour tout le monde ?
- Les Echos sur la crise de la presse papier — Pas mieux comme point que cet article
- Sites d’information en ligne : modèle gratuit c/ modèle payant
- Crise de la presse française : le passage au gratuit et sur Internet, une solution en vogue — Reste le problème du financement du développement
- Déboires financiers de la presse : les journaux reviennent — timidement — vers le modèle payant et Google commence à payer ses partenaires
- Si même la presse gratuite perd de l’argent, où va t’on alors ? — Metro International dans le rouge
- La publicité en ligne, nouveau business model de la presse économique ? — Bientôt confronté à la concurrence du NY Times et du WSJ, le FT tente de créer sa propre voie
- La presse française d’opinion et sa santé : le rapport Teissier "La presse au défi du numérique"
- Mort de la presse — Survie des journalistes ?
- Presse gratuite : le début de la fin ?
- Les aides à la presse française sont élargies aux sites de presse en ligne
- Presse régionale : concentration pas finie
- La presse économique descend en enfer - Avec quoi ferons nous notre veille ?
- Presse en ligne : analyse du modèle “pure player" (Télérama)
- Presse, édition juridique : qu’est ce qui permet/justifie de faire payer ?
- Les subventions et les agrégateurs sauveront ils la presse française ?
- Accord Google / presse française : rien de neuf
- INAglobal, un site pour suivre les évolutions de la presse face aux défis du en ligne
- Pourquoi la directive droit d’auteur et son droit voisin ne sauveront pas la presse française
Voir aussi les nombreux articles et débats lors des Etats généraux de la presse écrite fin 2008.
Je ne résiste pas au (sombre) plaisir de citer aussi deux des derniers billets de Narvic (qui a arrêté son blog Novovision il y a longtemps) :
- Information en ligne : le règne du canon à dépêches
Extrait : « Une étude scientifique [format PowerPoint pour la présentation et PDF pour le papier complet] le confirme : la diversité de l’offre d’information dans les sites d’information en ligne est loin d’être aussi importante qu’on aurait pu l’espérer. Cette offre est massivement "redondante" et "stéréotypée" : les sites d’informations [NB : quelque soit leur propriétaire] diffusent la même information en même temps, avec une extrême concentration de la production sur une toute petite quantité de sujets ultra-dominants dans l’actualité. [...]
L’audience des sites portails "sans journalistes", les purs "canons à dépêches", domine largement celle des sites de médias disposant de journalistes et offrant une information plus originale et plus diversifiée. »
Un commentaire signale que « ce canon à dépêches était déjà sérieusement en marche bien avant l’arrivée du Web » - A la recherche du cyberjournaliste introuvable...
Du côté des chercheurs, on peut citer entre autres :
- Patrick Eveno
- Nikos Smyrnaios
- le sociologue Franck Rébillard
- Nicolas Pélissier.
Du côté des sites et blogs, on pouvait voir la liste des sources (500 ...) de Narvic (pour ceux qui connaissent, c’est un fichier OPML, autrement dit une liste de fils RSS). Parmi les plus actifs, on pouvait citer, en plus de Novövision, Samsa ou Jeff Mignon.
Notes
[1] Le blog Novovision, initialement publié à l’adresse nonovision.fr, est archivé sur le site de Thierry Crouzet. Qu’il en soit remercié.
Commentaires
4 commentaires
La presse écrite et Internet
Bonjour, et merci pour cet article, dont je partage la majeure partie des vues.
Je vous conseille tout de même cet exposé sur les liens entre presse, gratuité et internet, que je trouve particulièrement pertinent :
http://www.evadoc.com/doc/1086/these-la-presse-sur-internet-peutelle-etre-rentable
Les conclusions de la thèse professionnelle "La presse sur Internet peut-elle être rentable ?" sont toujours valables
L’URL supra ne marche plus. Voici la bonne nouvelle adresse pour la thèse professionnelle de Mathieu de Vivie signalée dans la commentaire supra :
https://www.scribd.com/doc/14261710/La-presse-sur-Internet-peut-elle-etre-rentable
Les conclusions de ce travail de synthèse, bien que datant de 2009, restent largement valables aujourd’hui. Elles disent, en un mot, que la presse française, même passée sur Internet, n’est que peu ou pas rentable en elle-même et doit s’adosser à une autre source de revenus.
Extraits :
« Au vu de l’abondance de l’information sur le web et des faibles revenus générés par la publicité, il est aujourd’hui impossible en France de faire vivre une grande rédaction travaillant uniquement sur Internet, à moins d’être adossé à un grand groupe et s’il est très difficile de faire un pronostic, deux alternatives semblent se dessiner :
[...]
L’information se consomme maintenant de manière fragmentée, Internet ayant fait exploser la logique de package d’un journal.
Si les opinions, les faits divers, les informations pratiques ou de divertissements sont peu coûteuses à produire et à rentabiliser sur Internet, l’information de décision (enquêtes, reportages de guerre,etc.) se trouve aujourd’hui en manque de financements.
Toujours pas de modèle rentable en France pour les journaux traditionnels, pourtant passés en ligne
Selon la Lettre A du 22 août 2018 : Le Parisien perd toujours de l’argent et mise sur le Graal du numérique : avec un déficit de 24 millions d’euros en 2017, l’acquisition de nouveaux abonnés digitaux est devenue un chantier urgent pour Le Parisien.
Et les Echos ne vont pas mieux non plus, toujours selon la Lettre A (28 août 2018) : Les Echos se développent, leur déficit aussi ! : la SAS Les Echos, éditrice du quotidien économique du groupe LVMH, a enregistré un déficit de 6,6 millions d’euros l’an dernier.
Toujours pas de modèle rentable en France pour les journaux traditionnels, pourtant passés en ligne
Nous sommes fin 2018 et la tendance ne change pas : le Parisien, considéré il y a encore cinq ans comme un des rares modèles de rentabilité de la presse française, doit être recapitalisé par son actionnaire principal :
LVMH injecte plus de 80 millions € dans Le Parisien pour combler ses pertes (La Lettre A du 20 décembre 2018)
Les pertes du Parisien ayant atteint un niveau très préoccupant, le groupe LVMH, son actionnaire unique via la holding UFIPAR, vient de procéder à son renflouement pour 80 millions d’euros. Ce soutien financier tient compte des pertes potentielles pour 2018 et 2019. [...]
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