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L’éditeur est roi
Pas le client

[humeur on]Certains éditeurs se prennent pour le Roi.

Par exemple, une importante filiale d’un grand groupe d’édition juridique estime que vous ne devez pas avoir la possibilité d’effectuer un deuxième test de deux semaines de leur base en ligne ... Le représentant commercial vous rappelle en revanche que vous avez reçu une proposition commerciale [1].

Certes, mais lors du premier test, seul le documentaliste a testé — et encore, en quatrième vitesse, pas du tout à fond, débordé qu’il était. L’avocat demandeur, lui, était sur autre chose et n’a pas testé le produit — un avocat n’a pas de temps à perdre et ne teste pas s’il n’est pas en situation réelle. Sans compter que les procédures internes de valisation et d’achat, comme partout, ne permettent ni une décision ni une signature immédiates.

On redemande donc un test, spécifiquement pour l’avocat. On nous en donne un au bout d’une semaine après notre demande initiale [2], après de longs échanges par e-mail et après avoir mis une autre filiale dans l’affaire pour qu’elle fasse pression. Et ce test, au lieu de le faire de deux semaines comme standard, l’éditeur nous le fait d’une semaine ...

In fine, cerise sur le gâteau, l’éditeur considère visiblement que nous sommes de vilains "copilleurs" et que, nonobstant le nombre réel d’utilisateurs susceptibles d’utiliser leur produit, nous devons prendre une licence pour l’ensemble du Cabinet et non deux utilisateurs simultanés. De toute façon, plusieurs utilisateurs simultanés, ils ne font pas, vous comprenez [3]. Soit une proposition commerciale cinq fois plus chère que celle initiale. Nous avions éventuellement les sous. Cette fois, nous ne les avons plus. L’éditeur a gagné : nous ne prendrons pas leur produit.

De tels messages, signifiant implicitement "Vous avez assez testé, maintenant payez !", me laissent rêveur. Surtout quand on voit les tarifs très élevés et la dureté des conditions générales d’utilisation [4]. Et que le contenu de certaines bases est essentiellement un contenu qui n’a pas été élaboré par l’éditeur. Juste réuni et indexé par lui.

L’argument en réponse à mes remarques supra ne connaît que deux variantes : « Ca coûte très cher de créer et maintenir une base de données en ligne » ou bien : « Nous sommes les meilleurs ».

Désolé de briser les illusions de certains éditeurs, mais si on s’y connaît, avec des données publiques en accès libre ou grâce à un animateur et des contributeurs, les coûts deviennent abordables. Et là, plus de demande de codes de test, plus d’abonnements, plus de licences, plus de conditions générales ... Juste du contenu.

On dirait qu’il y a des éditeurs qui ont vraiment envie de se retrouver un jour au chômage.[humeur off]

Emmanuel Barthe
documentaliste juridique

Notes

[1Renseignements pris, il semble que cet éditeur ait pour règle de ne pas donner de code de test gratuit une deuxième fois, par peur des abus. Pour ce qu’il en est de l’abus ici, lisez la suite. Et de toute façon, si un juriste abuse d’une ressource, c’est qu’il est mûr pour l’acheter ou recommander que la firme s’y abonne ...

[2Renseignements pris, la commerciale, incontournable, était indisponible pour quelques jours. Ca bloquait tout.

[3Où ai je donc déjà entendu ce discours ? ...

[4Leur ROI (return on investment) en somme, pour faire un mauvais jeu de mots.