Huit sites juridiques libres français : échange autour d’une table
Des webmestres de sites web juridiques gratuits présentaient leurs sites à la Maison du Barreau le 4 novembre 2004
Le 4 novembre après-midi, à la Maison du Barreau de paris, neuf webmestres de sites juridiques français libres/gratuits ont présenté chacun leur site dans une manifestation parallèle du colloque "Internet pour le droit / Law via the Internet" intitulée — un peu pompeusement, reconnaissons le, vu le côté "petit comité" et la faible durée de l’événement —"2e Convention des sites internet juridiques libres français".
Un compte-rendu détaillé de chaque présentation est disponible sur le site FrLII.
Les webmestres/sites présents
Etaient présents les webmestres de :
- Opuscitatum et Droit de l’urbanisme : Frédéric Renaudin, docteur en droit, étudiant à l’EFB Paris
- Cour de cassation : Emmanuel Tois, auditeur à la Cour de cassation et webmestre
- Juristudiant : Olivier Gamard, président de l’association Juristudiant, et Vincent Lebrun, secrétaire de l’association, tous deux étudiants en droit à Nancy
- Journal des accidents et des catastrophes (JAC) : Claude Lienhard, directeur du Centre européen de recherche sur le droit des accidents collectifs et des catastrophes (CERDACC) [1]
- Revue de droit des affaires internationales (RDAI) : Henri Lesguillons, rédacteur en chef
- Prison.eu.org : Michel Près, webmestre, et Georgia Bechlivanou, juriste, de l’association Ban Public
- Juridiconline : Arnaud Dumourier
- precisement.org : votre serviteur.
A part les présentations du contenu des sites et le rappel de leur historique, les échanges ont surtout porté sur quatre points.
L’intérêt d’un site web pour la publicité qu’il apporte
Un site web apporte à l’association, l’institution ou la revue qui est derrière une visibilité, notamment internationale, qu’elle n’avait pas et qu’elle n’aurait pas eu les moyens d’avoir autrement. La RDAI a ainsi reçu beaucoup de propositions d’articles de juristes étrangers, qu’elle n’aurait jamais reçue sans son site.
Intérêt des sites dynamiques
Les sites dynamiques sont des sites dont le contenu est stocké séparément de la mise en page (code HTML), dans une base de données. Pour gérer de tels sites, il existe des logiciels de gestion de contenu, ou CMS (content management systems) : alimentation et rédaction grandement facilitées parce que réalisées directement par les rédacteurs et avec un simple éditeur de texte, niveau technique nécessaire pas trop élevé [2].
Opuscitatum et Juridiconline utilisent PHP-Nuke, prison.eu.org et precisement.org SPIP, et Juristudiant Xoops. trois CMS gratuits et open source. Le JAC passe par Lotus Notes.
A contrario, la Cour de cassation, qui confie toutes ses mises à jour de son site statique à son prestataire, ressent le besoin de changer de système.
Les moyens de dynamiser le trafic/augmenter le nombre de visiteurs
- mettre à jour très fréquemment le site et créer une grosse masse de contenu : les 5000 articles de prison.eu.org, veille législative et réglementaire quotidienne sur Juriconline
- avoir son sujet et son angle d’attaque/ligne éditoriale précis/e et s’y tenir. Comme par exemple le JAC et sa ligne éditoriale favorable aux victimes, le passé d’ancien président de l’INAVEM de Claude Lienhard expliquant cela
- créer des forums (Juristudiant, Opuscitatum)
- s’appuyer sur une communauté préexistante : les documentalistes juridiques et la liste Juriconnexion pour precisement.org, les étudiants en droit pour Juristudiant, les familles de détenus et associations autour de la prison pour prison.eu.org
- la syndication de contenu : elle consiste à afficher automatiquement sur son site les titres des nouveaux articles d’autres sites équipés de CMS (Juridiconline)
- améliorer son référencement sur les moteurs de recherche en travaillant les mots dans le texte de la page, sa balise title, les meta-balises "keywords" : cas d’Opuscitatum et de prison.eu.org
- fournir ou améliorer la newsletter. La Cour de cassation va proposer des profils sur la newsletter de son Bulletin d’information (BICC). Ils ont en effet été très réclamés par les internautes et les juristes.
Un travail important d’alimentation en contenu et ses difficultés
- un prestataire, à qui on envoie les documents écrits en interne, fait toutes les mises à jour : la lenteur et la perte de contrôle amène la Cour de cassation à mettre en place une solution de mise à jour accessible en interne
- le fondateur fournit 99% du contenu — jusqu’à ce qu’il soit trop fatigué. Ensuite, étape suivante,
on tente de trouver des contributeurs (Juridiconline, precisement.org) - ou bien on essaie de publier le plus possible de la production normale-d’avant-même-Internet de l’institution (Cour de cassation)
- ou encore on crée une structure associative (association Juristudiant, Ban public pour prison.eu.org) et/ou un forum pour créer une communauté (Juristudiant) et/ou encore une rubrique Téléchargement réservée aux membres (Opuscitatum et Droit de l’urbanisme)
- ou, enfin, on publie le maximum de monde, tout en sélectionnant, même d’opinions très différentes. Ainsi, les 5000 articles de Prison.eu.org proviennent aussi bien, si ce n’est bien plus, des familles et associations de soutien des détenus que des détenus et anciens détenus.
En résumé, on a vu des préoccupations communes et surtout les solutions, similaires ou différentes selon les sites, pour y répondre. Le côté "cosy" de la rencontre a permis des échanges détaillés, notamment sur le dynamisme de Juristudiant, l’ampleur du contenu de Prison.eu.org ou les techniques utilisées pour améliorer la fréquentation du site.
Emmanuel Barthe
documentaliste juridique
Notes
[1] M. Lienhard a lui-même rédigé sa propre synthèse de cette Convention, dans le JAC n° 48 de novembre 2004. En conclusion, il souhaite qu’une telle manifestation puisse se tenir à nouveau et qu’elle puisse déboucher sur plus d’échanges et de collaboration entre sites juridiques libres.
[2] Sur ce sujet, on peut lire un bon article comparant les avantages et inconvénients respectifs des sites statiques et dynamiques : Site statique-site dynamique : le match / Raphaële Karayan, Journal du Net, 5 novembre 2004
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