Consensus, le moteur de recherche scientifique
Vous en avez assez des réponses grand public voire contestables des moteurs de recherche web, pour ne pas dire de Google ?
Une alternative, qui ne gère pas vraiment le français pour l’instant, vous renvoie des résultats beaucoup plus rigoureux. C’est le moteur de recherche Consensus, qui n’indexe que des articles scientifiques (pre-print ou publiés dans des revues) accessibles en open access.
Exemple avec la requête "climate warming and oil output" :
- Google : sans plus, mais abordable par le grand public
- Consensus : très scientifique, moins affirmatif, plus rigoureux, mais moins facile à comprendre
- la comparaison devient encore plus probante avec Google Scholar, à qui Consensus fiche un grand coup de vieux. Scholar est une version de Google indexant des articles scientifiques (mais pas seulement), donc un contenu semblable (même si plus large, voir infra) que Consensus. Comparé à Consensus, Scholar, qui il est vrai n’a pas été amélioré depuis longtemps et ne bénéficie pas de la synonymie automatique de Google Search, est pour le coup très peu pertinent dans ses résultats.
C’est le résultat des performances de Consensus en NLP (traitement du langage naturel, TAL) boosté au ML (machine learning). J’ai l’impression ici d’être face à un nouveau Deepl, la remarquable application de traduction automatique de Linguee, propulsée par du deep learning, une variante du machine learning, et très supérieure à Google Translate.
Devinez qui est — entre autres — au capital de Consensus ? Le fonds d’investissement des frères Winklevoss, les fondateurs de la version originale de Facebook, celle que Mark Zuckerberg a copiée [1]. Dans les partenaires de Consensus, on trouve aussi l’agrégateur open access et moteur de recherche CORE [2]. Des parrains prestigieux.
Les "findings" (découvertes scientifiques, conclusions) sont ce que Consensus espère être les réponses à vos questions. Ce sont des extraits des articles scientifiques qui sont mis en avant — et rendus en sus facilement partageables par le biais de Consensus.
Consensus vous signale les articles les plus cités ("Highly cited"), un moyen classique en sciences pour détecter les articles a priori les plus intéressants. Consensus mentionne également le titre de la publication source, et ce, dès la liste de résultats. Ce sont là des gages de rigueur et de qualité.
Mais si vous saisissez des requêtes idiotes — comme music and mushrooms (musique et champignons, en anglais), le moteur ne vous le dira pas, évidemment.
Une limite de Consensus, c’est que les bases de données scientifiques indexées par Consensus sont essentiellement américaines. Ce qui ne les rend pas moins rigoureuses mais peut biaiser certains résultats en sciences humaines et sociales (SHS). Christophe Deschamps remarque à ce propos que « Scholar est beaucoup plus large dans ses sources » [3].
Une autre limite, liée à la précédente : Consensus ne gère pas les questions en français (plus précisément il ne gère pas les caractères accentués). Du moins pour l’instant. De même, pas de correcteur orthographique français.
Globalement, je trouve que Consensus — le concept mais aussi la réalisation — représente un grand pas en avant en matière de moteurs de recherche. Parce que la qualité des résultats revient enfin au centre du débat et ce, sans attaquer ni l’ergonomie, ni la facilité, ni le partage.
Emmanuel Barthe
documentaliste, évaluateur de moteurs et autres outils de recherche
Notes
[1] L’affaire est allé en justice puis s’est conclue par une transaction, à l’origine de la fortune des frères Winklevoss.
[2] CORE aurait fourni la liste des sites et répertoires OA à indexer que ça ne m’étonnerait pas.
[3] Comme le mentionne la page du site du Regis College sur Google Scholar, les sources de Scholar sont :
- articles de revues spécialisées évalués par des pairs (peer-reviewed)
- articles de revues savantes non publiés
- thèses de maîtrise, mémoires et autres travaux universitaires
- citations de livres, dont certaines renvoient à des sections du livre
- documents de conférence, rapports techniques ou leurs projets, pre-prints, post-prints ou abstracts.
Commentaires
2 commentaires
Une réaction
Christophe Deschamps « ne voit pas trop où Consensus se démarquerait vraiment de Google Scholar ». Je maintiens, sur la base de ma requête test, la plus grande pertinence de Consensus sur GG Scholar. Voir notre débat sur Twitter.
Un quasi-rival pour Consensus : Scite.ai
http://scite.ai
Il est payant. Toutefois, une extension gratuite pour navigateur web permet une fonctionnalité limitée : vous voyez une déclaration qui vous fait froncer les sourcils. Surlignez-la, cliquez avec le bouton droit de la souris et sélectionnez "Demander à l’assistant scite.ai" pour obtenir des réponses à vos questions ou des informations extraites d’articles de recherche susceptibles d’étayer ou de contredire ces affirmations.
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