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Comment le secrétaire général du Parlement européen a fortement promu la recherche et la production d’information pour développer le pouvoir de l’organe législatif

A lire si vous n’êtes pas convaincu que l’information, sa recherche et sa production sont un pouvoir clé dans notre "société de l’information". A lire aussi si vous pensez que documentalistes et veilleurs ne servent pas à grand’ chose.

Depuis 2009, Klaus Welle (son CV) tire les ficelles dans l’ombre pour accroître les pouvoirs du Parlement européen (PE). Il a décidé de se retirer à la fin de l’année 2022.

Voici quelques extraits choisis d’une interview exceptionnelle par le "news magazine" Le Point de celui qui a été le secrétaire général du PE pendant 13 ans. Klaus Welle, qui est aussi un homme politique allemand (membre de la CDU, le parti démocrate-chétien), a participé à l’accroissement du pouvoir du Parlement européen face au Conseil européen (qui représente les exécutifs des Etats membres de l’UE) et à la Commission européenne [1].

Cet interview très riche contient beaucoup d’informations intéressant les spécialistes de l’information juridique.

Elle montre aussi que si les changements institutionnels dans les traités européens donnaient officiellement plus de pouvoir au Parlement européen, encore fallait-il appuyer cet accroissement théorique de pouvoir par une machine de veille, de recherche, d’information et d’analyse du même niveau que celles des gouvernements et de la Commission. Sinon, le dialogue des députés européens avec ces institutions risquait bel et bien de se faire sous le signe de l’inégalité informationnelle.

Extraits :

« À l’image de la Library of Congress le bureau du Parlement européen a approuvé l’idée de créer une bibliothèque européenne avec livres de référence de tous les Etats membres accessibles à tous, et une bibliothèque plus spécifique pour les jeunes dédiée aux nouvelles technologies. »

« À Strasbourg, on a fait aussi un accord avec l’ancien camp de travail nazi de Schirmeck : on peut visiter aussi l’histoire la plus sombre du continent. Sans cette expérience la plus noire, la construction européenne est incompréhensible. »

« Il fallait apporter plus de soutien aux députés face à la Commission. Donc on a doublé et parfois triplé les fonctionnaires au service des commissions parlementaires. »

« Le deuxième temps fort fut la création du service de recherche du Parlement européen. Je l’ai proposé. Ce service de recherche est désormais fort de 300 personnes. [...] Aujourd’hui, on joue dans la ligue des instituts de recherche du Congrès américain, du Bundestag ...  »

A propos du service de recherche du Parlement européen (qui inclut une bibliothèque), quelques liens décrivant son activité :
https://the-secretary-general.europarl.europa.eu/fr/directorates-general/eprs
https://europarl.europa.eu/at-your-service/en/stay-informed/research-and-analysis
Son petit nom est "EP think tank" :
https://epthinktank.eu
https://europarl.europa.eu/thinktank/fr/home
Carrément :-)

Klauw Welle a massivement récupéré des postes de traducteurs pour les convertir en analystes recherchistes afin de développer le service de recherche. L’Assemblée nationale pourrait en partie s’inspirer de cette stratégie typée "société de l’information".

Emmanuel Barthe
documentaliste juridique, veilleur