Appuyez sur Entrée pour voir vos résultats ou Echap pour annuler.

Bottin administratif : the end

Le Bottin administratif était un gros annuaire papier en un volume de l’Administration française centrale et des administrations régionales et départementales. Il fait ses débuts en 1939, publié par Didot-Bottin. Il passera sous format cédérom puis Internet, tenant bon aussi sous format papier. Il fut complété par le Bottin des communes.

Publié ensuite par la Société du bottin administratif, puis repris en 2002 par les Editions du JurisClasseur (devenues LexisNexis SA), il a vécu sa dernière édition avec le millésime 2015 (sa 71e édition [1]), publié par les éditions Katalys.

Il n’y eut jamais de Bottin 2016 et il n’y en aura pas. La société Katalys à Villeneuve d’Asq [2] a été liquidée selon le registre du commerce et des sociétés (RCS) (voir sur Infogreffe, societe.com, Verif.com). Et la gratuité du concurrent de facto — l’annuaire de ServicePublic.fr — clôt la question de l’intérêt d’une éventuelle reprise.

Cette disparition, au-delà de l’aspect commercial et humain, est une très grosse gêne pour les chercheurs d’information juridique et les spécialistes de l’Administration et des pouvoirs. Car aucune base de données, aucune publication ne renseignait aussi bien, aussi à fond, de manière aussi exhaustive et avec une telle régularité dans la mise à jour sur le labyrinthe administratif.

Il permettait — je cite la présentation par le dernier éditeur — « d’entrer en contact avec plus de 100 000 responsables de l’Administration grâce à leurs coordonnées, le descriptif de leurs attributions et tous les organigrammes des assemblées, des ministères, des institutions, des établissements publics nationaux, des administrations d’État décentralisées ».

L’intérêt n’était pas mince : par exemple, quel est le bon bureau au sein de la DGFiP pour une question sur la date future d’entrée en vigueur d’une convention fiscale bilatérale ? L’annuaire de ServicePublic.fr ne répond pas à la question et la page Les conventions internationales du site impots.gouv.fr non plus. Il faut penser à regarder le 5e résultat de Google, interrogé avec la requête bureau DGFiP conventions fiscales, un fichier PDF intitulé de manière cryptique Organigramme des services centraux [du ministère de l’Economie et des finances] pour trouver la réponse.

Certes, le Bottin administratif n’inventait rien, prenant vraisemblablement ses informations dans les organigrammes des administrations, dans l’annuaire de ServicePublic.fr, dans les décrets parus au Journal officiel (pour les compétences des services et leur structuration par directions et bureaux) et enfin par enquêtes (emails ou coups de fil de vérification).

Mais ce travail de collecte, de compilation, de vérification, de mise à jour et de mise en page (petits caractères et fines colonnes) faisait gagner un temps précieux. Ce service, l’annuaire de ServicePublic.fr ne saurait l’assurer.

De plus, le Bottin administratif descendait à un niveau de granularité dans les services (les bureaux) auquel l’annuaire de ServicePublic.fr s’abstient soigneusement de descendre. Histoire de protéger les fonctionnaires des dérangements intempestifs ou par manque de moyens ? Dommage en tout cas. Une fois de plus, on constate que pour les professionnels (pour les particuliers, c’est différent), la gratuité n’assure que rarement un service supérieur au payant et que le Web est en réalité largement vide.

RIP Bottin administratif.

Emmanuel Barthe
juriste documentaliste, veilleur

Notes

[1Selon toute vraisemblance (la fiche du catalogue de la BNF manque de détails), il n’y eut pas d’édition de 1942 à 1945 compris.

[2Seule société portant le nom Katalys à avoir exercé une activité dans l’édition d’après nos recherches.